MACHINE
premières mesures - premiers morceaux - mise en route du mécanisme, les existences se prennent dans l'éternel engrenage - cliquetis - jamais rien ne sera régulier pour commencer - puisque aucun mécanisme n'est vraiment fidèle - dialogues inversés - il n'en faut pas plus pour que le langage s'estompe jusqu'à ce qu'il ne reste que la machine - encore - lancinante - et nous sommes dans le vif du sujet - ces instants rigides où peuvent se perdre les raisons mais où subsistera toujours le déchaînement de forces sourdes - mystérieuses - cause quand - et le vocabulaire se précise - fausse répétition - des simulacres de routines déployant en réalité une grammaire complexe - échos - réponses - autorité d'une voix sur un autre - débat - répit - pauses - périodes analogues mais jamais identiques - et toujours périssables - car on trouvera de la nouveauté dans chaque pleine seconde qui s'écoule - on ne parlera pas de chaos - seulement de hasards harmonieux - jusqu'à ce que la machine s'emballe - contre-sens - dès l'instant où trop de variables sont à prendre en compte - tentative d'apaisement - mais victoire du bruit - bruit comme voix - bruit comme satisfaction qu'il y a une limite à toute chose - que nos cris ne pourront pas forcer le volume indéfiniment - que nous et nos voix - et nos gestes - et nos pensées - sommes finis - segments - soulagement. TROUEES DANS LE CIEL dans le grésillement de nos journées s'ouvrent des espaces lisses - c'est le contrepoint de nos égarements - réseaux périphériques - lorsque soudain - par surprise - nous nous prenons à ne plus être les acteurs des drames du monde - seulement les témoins détachés - observation - et aussi lourd fardeau que soit notre station figée - la sensation d'être hors du monde - auditeur du coin de l’œil - nous rassurera bien plus qu'elle ne nous inquiétera - et les nuages craquants laisseront pour quelques minutes au-dessus de nos têtes une menaçante accalmie - bleue - nuit - à la violence potentielle sans cesse plus pesante - aux phonèmes sibyllins - dolphin hml - aux promesses toujours plus certaines d'un avenir dissemblable - donc pire le temps comme allié de notre quiétude présente mais aussi comme prophétie de nos épreuves à venir. DU JUGEMENT PERMANENT car déjà on semble reconnaître les sources familières du projet - ses origines communes à tout un chacun - car nous avons tous des machines dans nos vies - lancinantes - amies - routines - car nous tendons quoi qu'on décide - destin ou non - vers l'inévitable rencontre de l'ordre - mais chacun l'entendra d'une manière différente - sempiternel jugement des sources - pour que le déchaînement d'un hourvari collectif soit compris par l'un comme le déferlement de gouttes d'eau - l'explosion de bulles synthétiques - tandis qu'un dernier y verra le cinglement d'un fouet incandescent - tout ça n'ayant que peu d'importance pour la totalité des hommes - primordial pourtant pour chacun d'eux - qui reconnaîtront jusqu'aux comptines de leurs mères dans un slow notion synthétique - puisqu'il faut sans cesse reconnaître - connaître une nouvelle fois - surtout jamais apprendre - revivre - ainsi ici - pour avoir l'impression de ne pas mourir vainement - si jamais nous mourions demain - ou maintenant - au cœur des répétitions obsédantes dont nous aurions l'impression de n'avoir rien tiré - pas même un peu de magie - mécanique - artificielle - pas même un message - parmi les messages - rien. RITUELS SONORES mais tout n'est pas si simple - et si seulement tout l'était - dépression éternelle - comme ce serait confortable - douillet de se lover dans le malheur - cynique - perdu - alors c'est le réel - cette antique notion - qui viendra nous sortir de notre condescendance pour nous exposer sa complication du présent - oui - tout a toujours été machine - vanité que nos faibles petits jugements modernes - nos découvertes - nos extases - nos secrets - d'autres avant nous écarquillèrent les mêmes yeux - à la différence près qu'ils n'appuyèrent pas sur PLAY - maigre victoire devant la richesse des habitudes - sobres - primordiales - sublimes - enchevêtrements infernaux de variables dont nous ne pouvons même pas aujourd'hui saisir le millième - eau - air - au-delà de toute humanité - divin largué lui-aussi depuis longtemps - puisque certaines personnes comprennent ce qu'est le divin - ni ses rituels - ni ses cantiques amplifiés par le travail minutieux de milliers de pierres taillées - mais le divin oui - comme on peut comprendre un tout sans comprendre rien aux parties dissociées de ce tout - concept - synthèse - vanité. CONCLUSION et en vents plus humides nous toucherons à la fin - conclusion en finesse - mirages - réminiscences - comme si quelqu'un voulait nous rappeler que la machine ne s'arrête pas de tourner - sans nous s'il le faut - images en boucles - ou plus d'images du tout - combats seulement - après la peur - l’œil du cyclone - l'humilité - la peur à nouveau de n'avoir pas su conclure - et explosion d'un débat d'unité - mêlant ce qui a été - ce qui est - et ce qui sera peut-être - si nous sommes assez pertinents pour aller jusqu'au bout - ne plus s'arrêter - et toujours songer à demain - à ce rêve correctif d'union - froid - implacable - puisque déjà nous avons dit que la chaleur serait la première à nous jeter dans le confort - et le confort le premier à nous assassiner - trop précieux allié - sournois sans le vouloir - car c'est seul et dans la crainte que nous devrons mener ces micro-campagnes quotidiennes - ces guérillas de chaque instant contre la sûreté - la sécurité - les convictions - et vaincre à condition qu'on saisisse qu'il n'y a d'ultime que les habitudes - à nouveau.
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